ICONES GRECQUES ET RUSSES

Très codifié, l'art des icônes ne consistait pas à inventer de nouvelles compositions mais plutôt à reproduire, avec fidélité dans l'esprit, une icône plus ancienne, qui, elle-même était une copie, le prototype étant réputé acheiropoïète (non fait de main d'homme).

Comment restaurer de tels objets sacrés ?

Le peintre se soumettait à sa mission avec ferveur et dévotion. Chaque geste faisait symbole et exigeait des exercices spirituels prolongés. Pour que la matière soit transfigurée, les matériaux étaient soigneusement choisis et mis en œuvre, en tenant compte non seulement de leur qualités physiques mais également de leur symbolisme. Il ne fallait pas s'écarter de la bonne façon, comme il ne fallait pas s'écarter du droit chemin de la religion. Ainsi, grâce à la transmission de maître à élève et à plusieurs manuscrits, on a pu bénéficier d'une connaissance approfondie de la matérialité des icônes.

 PRIMITIFS ITALIENS

Considérées souvent comme étant à l'origine de l'art occidental, les icônes se sont progressivement transformées  dans leurs versions italiennes. Partant des mêmes principes techniques, les peintres ont recherché plus de naturalisme, alors que les orientaux, à l'inverse, se sont détournés du monde, pour aller vers une réalité dématérialisée, marquée par le hiératisme, la géométrie et la perspective inversée. 

En Italie, les fond d'or seront progressivement abandonnés et la représentation des formes dans un espace naturel sera étudiée par les premiers peintres de la Renaissance. On conservera cependant encore longtemps la peinture à l'œuf (tempera),  la terre verte comme sous-couche des carnations, le verdaccio (pour les ombres) et les trois bols pour la réalisation des modelés par juxtaposition de traits. La tempera grassa (enrichie en huile) apportera de nouvelles possibilités pour la réalisation de modelés plus fluides et plus réalistes.

RESTAURATION MODERNE

Après le retrait des matériaux de restauration anciens altérés, nous intervenons avec des produits qui respectent les règles de stabilité, d'innocuité et de réversibilité vis à vis de l'original. A la place de la tempera traditionnelle, nous utilisons par exemple des peintures et des vernis qui ne jaunissent pas et qui sont facilement réversibles. 

Dans le cas d'œuvres fortement abimées, nous préférons une retouche discernable - aux tons neutres ou au tratteggio - de manière à mettre en valeur la peinture originale sans la surcharger. Les fonds d'or peuvent être légèrement remontés à l'or fin appliqué au pinceau. Plus l'objet est ancien et abîmé, plus ont aura tendance à aller vers une réintégration archéologique (minimaliste).